Tout commença lors d’une sombre soirée d’automne, l’envie de douleur était de plus en plus forte. Les châtiments et autres tortures que le Sacrieur avait déjà pu s’infliger ne lui suffisait plus. Il lui en fallait plus…toujours plus. Depuis le jour ou il avait prêté allégeance au Dieu de la souffrance cette personne n’était plus la même. Chaque jour était à la fois différent et semblable. Différent à cause de la constante recherche de nouveaux châtiments. Mais finalement tellement semblable…ce n’était qu’a chaque
fois une nouvelle souffrance simplement plus forte que la précédente.
Le Sacrieur était blotti dans un coin de la pièce, simplement habillé d’un pantalon. Celui-ci était taché de son sang et de sa sueur. Son torse était creusé de sillons, sans doute le résultat d’une des dernières tentatives de souffrance. Les bras ballants contre son corps amaigri, il tentait vainement de se relever. Il avait déjà utilisé toutes les solutions possibles sur son corps pour rendre hommage à son Maître, la recherche de la satisfaction étant primordiale.
Arrivant finalement à se relever après moult essai, il se dirigea vers la table. Aucune trace de nourriture ou d’ustensiles de cuisine ne se trouvaient sur celle-ci. Simplement divers outils de torture : couteaux, hachoirs, scalpels…Tout ce qui était bon pour se faire mal était utile à cette frêle personne. Bien sur la pièce n’était pas plus propre que son propriétaire, le sang coagulé faisait principalement office de toile de fond. Une odeur à la fois prenante et enivrante embaumait la pièce : celle du sang.
Instinctivement, le Sacrieur se saisit d’une fine lame dentelée avant de sortir de sa miséreuse maison. La lueur du soleil révéla rapidement des cicatrices que l’obscurité de la maison avait dissimulé. Sa peau était brûlée à de multiples reprises, son crâne présentait de multiples entailles. L’une d entres elles était particulièrement marquante, la chair suppurait autour du blanc éclatant de l’os. Il s’agissait sans doute d’une des dernières tortures que le Sacrieur avait pu s’infliger.
Une fois remis de la transition entre la pénombre de la pièce et la lueur de l’extérieur, le torturé se mit à la recherche d’une nouvelle expérience ; un nouveau moyen de se faire souffrir ou de faire souffrir tout simplement. Ses mouvements ne suivaient aucun raisonnement, son itinéraire à l’intérieur de la ville était des plus chaotique. Tel un mangeur sans fin de douleur, il errait à la recherche d’une nouvelle forme de souffrance. C’est la qu’au détour d’une rue il vit un enfant. Il s’agissait d’un jeune Ecaflip, son poil roux luisait grâce aux reflets du soleil. Son joli minois transpirait la sérénité, le bonheur. Un enfant…rien de plus…
Cette vision de bonheur attira de plus en plus l’attention du Sacrieur. Celui-ci se rapprochait doucement de l’enfant sans attirer son attention. Comment un être si jeune pouvait-il connaître le bonheur ? Alors que lui devait constamment s’infliger des châtiments de plus en plus pénibles… Telles étaient les questions que le Sacrieur se posait en s’approchant du jeune félin.
Il devait a tout prix mettre fin à cette sensation de bonheur, il allait pouvoir enfin mettre en pratique ce qu’il avait exercé sur lui. Rapidement son allure s’accéléra, il sorti le fin couteau et l’empoigna dans sa main. D’un pas décidé il percuta l’enfant et le renversa. Malgré son apparence fragile et maladive, le Sacrieur semblait dégager une force puissante. Le jeune matou n’eu pas le temps de pousser un miaulement, il fut rapidement ramassé et emmené dans le fond de la ruelle.
Des lors le massacre commença. Bien que le Sacrieur n’avait jamais été habitué à pratiquer des châtiments sur une autre personne que lui-même, l’exécution de ses gestes était irréprochable. Chaque morceau de peau était découpé avec soin ce qui ne faisait que renforcer sa détermination. Cette scène de torture n’était pour lui qu’un moment de plaisir. Pour l’Ecaflip, c’était la descente de Djaul en Amakna.
Les minutes se succédèrent et semblèrent de plus en plus longues, le temps s’étant comme arrêté. Dans son travail macabre, le Sacrieur n’avait pas remarqué l’apparition d’un groupe de trois Iops. Ceux-ci ne semblaient pas être des gardes vu qu’ils ne portaient aucune arme, mais leurs carrures imposantes inspiraient le respect. Le Sacrieur dans sa précipitation de satisfaire son plaisir n’avait pas vraiment pris la peine de se cacher, le corps mutilé du chaton était donc parfaitement visible. Un des Iop s’arrêta net en voyant une flaque rougeâtre : il s’agissait de sang. D’un rapide coup de tête il balaya la ruelle, c est la qu’une vision d’horreur s’offrit à lui.
Un être infâme, à la peau recouvertes de multiples cicatrices, était agenouillé devant un jeune ecaflip au corps mutilé. Un couteau faisait des va et vient entre la chair de l’enfant et l’extérieur, le sang coulait à flots. Il poussa un hurlement de rage qui résonna dans la ruelle :
« Arrêtez vous ! »
Le sacrieur fit un dernier mouvement avec son scalpel avant de comprendre qu’une personne l’avait surpris dans son œuvre morbide. Il recula de l’Ecaflip, les mains souillés par un rouge des plus profonds : le sang de ce jeune individu mais aussi son propre sang. Cette effusion de sang lui permis de retrouver un brin de lucidité, il avait commis l’irréparable… s’attaquer de sang froid à un enfant pour lui faire vivre les pires sacrifices. Trois Iops se dressaient devant lui, aucune chance de s’enfuir de ce coté n’était envisageable. L’obscurité du fond de la ruelle était sa seule échappatoire. Il s’élança vers sa dernière chance de survie sachant très bien le sort que les Iops allaient lui réserver. Ceux-ci ne s’attendaient pas à un telle fuite du meurtrier, ils furent rapidement distancés et préférèrent venir au secours du jeune blessé.
En quelques minutes la vie du Sacrieur avait basculé, il venait de passer du statut de bourreau à celui de fugitif. Le pire venait d’être accompli, il ne pourrait plus revenir en arrière. Son avenir dans cette ville du nord d’Amakna se terminait aujourd’hui. Il ne pris meme pas le temps de rassembler ces possessions avant de s’exiler. Il devait s’enfuir… le plus vite possible quel qu en soit le prix à payer.
A partir de ce jour, sa vie ne fut plus que mépris et déception. Il était devenu un vagabond qui errait ici et la au gré de ses envies. Ses seules possessions étaient rassemblées dans un sac qu’il tenait attaché en permanence sur son dos : peut être un nouveau châtiment pour s’infliger une douleur. Quoiqu ‘il en soit, sa vie n’était plus que douleur et peine et ce jusqu’à la fin de ses jours.